Éléphant de Cirque -
Hommage à CALDER
Sculpture en métal – Hauteur 163 cm – Socle Ø 100 cm
Matériaux : acier découpé, tôles bleuies à chaud, peinture, tiges métalliques aimantées
Artiste : Jérémy Thomas – 2025
Il y a cent ans tout juste, Alexander Calder dessinait "Seeing the Circus with 'Sandy' Calder," National Police Gazette,23 May 1925, chef-d’œuvre miniature qui sera réalisé de fil de fer et de poésie articulée.
En 2025, je m’inscrit dans cette filiation en proposant Éléphant de Cirque, sculpture aérienne et puissante, jouant avec l’illusion de l’instabilité.
Cet éléphant cabré, presque en apesanteur malgré son corps d’acier, repose sur de fines tiges métalliques aimantées à un socle circulaire de 100 cm de diamètre pour une hauteur de 163 cm. Leur position peut être légèrement modifiée sur le socle, modifiant ainsi l’attitude globale de la sculpture. Sans changer la forme figée de l’animal, cette modularité offre différentes lectures : le pachyderme semble tantôt bondir, tantôt se cabrer, ou encore se laisser porter par un souffle invisible. Une chorégraphie figée, mais aux nuances infinies.
Le métal, loin de son poids originel, devient ici geste et suggestion. Les tôles sont bleuies à chaud, conférant à la peau de l’animal des nuances minérales profondes : bleu pétrole, noir d’encre, reflets bruns et cuivrés. Certaines zones sont peintes, apportant des contrastes francs et graphiques à l’ensemble.
Le socle peint en rouge et blanc, inspiré du chapiteau et de la piste, ancre la pièce dans un univers circassien à la fois enfantin et symbolique. Éléphant de Cirque est à la fois un clin d’œil à Calder, un hommage au monde forain, et une démonstration de virtuosité artisanale. C’est une œuvre à la croisée du bestiaire et de la mécanique poétique.
l’Art et la Paix - LIN Xiang Xiong Art Gallery à Penang Malaisie
LIN Xiang Xiong
Art for Peace Prize 2025
Note artistique pour le concours:
« Équilibre de la Paix »
Cette sculpture en métal est une exploration poétique de l’équilibre dans un monde instable. Elle interroge notre désir d’harmonie à l’échelle du réel : non pas un équilibre mathématique, absolu, parfait, mais un équilibre pragmatique, vivant, mouvant, qui accepte la différence, l’écart, la contrainte et la souplesse.
À sa base, un socle circulaire noir en acier de 500 mm de diamètre et 4 mm d’épaisseur représente le monde — non pas un centre géométrique absolu, mais une surface ouverte, un terrain d’expérimentation. Sur ce socle repose une tige verticale en fer rond de 10 mm de diamètre, fixée non pas mécaniquement mais par un aimant vissé. Ce choix n’est pas anodin : il évoque l’attraction terrestre, cette force invisible et fondamentale qui nous lie au sol, nous stabilise, mais ne nous fige jamais. Car ici, la tige ne sera jamais positionnée exactement au centre du disque. L’œil le cherche, mais ne le trouve pas. Il y a toujours un décalage, aussi infime soit-il — une résistance à la symétrie parfaite, une acceptation du déséquilibre de naissance.
Au sommet de cette tige flotte une bille d’acier de 12,6 mm de diamètre, comme une planète suspendue. Et c’est sur cette bille — simplement posées, sans attaches ni fixations, en pur équilibre — que viennent s’ajuster trois tiges métalliques, elles-mêmes porteuses de formes géométriques en acier :
– un disque jaune (Ø 250 mm, 3 mm d’épaisseur),
– un carré rouge (222 mm de côté, 3 mm d’épaisseur),
– un triangle équilatéral bleu (337 mm de côté, 3 mm d’épaisseur).
Ces trois formes ont été calibrées pour avoir presque le même volume :
– Carré : 147 492 mm³
– Disque : 146 902 mm³
– Triangle : 147 170 mm³
Mais la matière ne ment jamais. Même à l’échelle du millimètre cube, une différence subsiste, imperceptible mais réelle. Et cette différence suffit : elle fait cintrer les tiges, désaxe les forces, contraint la main à chercher le point juste.
Et pourtant, l’œuvre tient. Elle tient, non par rigidité, mais par ajustement, par écoute mutuelle. Chaque élément peut coulisser, se repositionner, trouver sa place dans un jeu de micro-déséquilibres compensés. Le tout forme un équilibre aussi fragile qu’impressionnant. Mais il ne tient que tant que rien ne le dérange.
Un simple courant d’air, une vibration du sol, un tremblement presque imperceptible — et tout bascule. La sculpture peut tomber, se briser. Car son équilibre est réel, mais jamais garanti. Il est à la merci du monde.
Et c’est là que réside sa vérité :
la paix n’est pas une évidence.
Elle se construit, s’ajuste, se déséquilibre parfois.
Elle repose sur des formes différentes, aux poids inégaux, aux tensions variables.
Elle n’est pas figée, ni centrale, ni parfaite.
Elle est simplement possible, vivante, à tenir ensemble.
Sculpture du cheval en métal à Beaupréau en Mauges
Galerie M Paris - Février 2025
Les mécaniques oniriques
Galerie M, Paris 19ème
17-19 février 2025
Dans l’écrin feutré de la Galerie M, au cœur du 19e arrondissement de Paris, Jérémy Thomas a déployé un univers où l’onirisme se conjugue au métal, où la mécanique épouse le trait avec une précision horlogère. Les mécaniques oniriques n’est pas une simple exposition de dessins : c’est une plongée dans un bestiaire hybride, une rencontre entre l’organique et l’industriel, un dialogue troublant entre la nature et la machine.
Dès l’entrée, le spectateur est saisi par ces assemblages où se fondent engrenages et plumages, où l’acier semble tissé d’encre. Dans cette trentaine d’œuvres sur toile et papier, l’artiste joue des contrastes : le noir et blanc domine, rehaussé par des éclats de rouge ou d’or qui viennent ponctuer les compositions d’une vibrante intensité. Le trait est d’une finesse chirurgicale, rappelant à la fois l’orfèvrerie et les plans techniques d’un ingénieur visionnaire. À travers ses créatures mi-insectes, mi-automates, Jérémy Thomas semble interroger la frontière entre le vivant et l’artificiel.
L’une des pièces les plus marquantes, une grande toile représentant un oiseau-automate aux ailes étendues, capte immédiatement le regard. L’œil du spectateur se perd dans les détails d’un monde en suspension, où chaque rouage semble prêt à s’animer, où chaque courbe semble frémir sous l’impulsion d’un souffle invisible. Ce bestiaire mécanique, oscillant entre le biomorphisme et l’abstraction, rappelle par certains aspects l’univers d’Alexandre Calder ou les rêveries d’un Léonard de Vinci modernisé.
Mais si l’exactitude du trait fascine, elle n’enlève rien à l’émotion qui s’en dégage. Les œuvres de Jérémy Thomas ne sont pas de simples exercices de style, elles offrent une réflexion subtile sur notre rapport à la technologie, sur cette coexistence – parfois harmonieuse, parfois inquiétante – entre la nature et les structures artificielles que nous lui superposons. L’ensemble est empreint d’un mouvement latent, d’une énergie cinétique contenue, comme si ces créatures n’attendaient qu’un signal pour prendre vie.
L’exposition, courte mais intense, a rencontré un succès notable, attirant un public varié, des amateurs d’art contemporain aux passionnés de techniques industrielles, en passant par les curieux intrigués par cet univers singulier. Lors du vernissage, l’artiste lui-même évoquait son travail comme une « tentative de capter l’instant où l’inanimé bascule vers l’animé », une vision qui se ressent pleinement dans chaque composition.
Avec Les mécaniques oniriques, Jérémy Thomas s’impose comme un artiste à suivre, un alchimiste du trait capable de donner à la matière une âme vibrante. Son travail, entre précision d’orfèvre et souffle poétique, trouve ici un écrin à la hauteur de sa virtuosité. Paris en redemandera.
ART CAPITAL - Le Grand Palais Parid - du 18 au 22 février 2025
Critique d'art : Une mécanique onirique en mouvement
À première vue, cette création semble convoquer l’image d’un oiseau chimérique, mi-organique mi-mécanique, surgissant d’un assemblage de lignes et de couleurs. On y distingue des formes plumeuses – comme un éventail de plumes stylisées à gauche – et un cou fin menant à un bec triangulaire, tandis que les segments hachurés suggèrent un entrelacs de plaques métalliques ou de pièces d’armure. On se retrouve alors face à un curieux spécimen, hybride entre le monde naturel et celui de la machinerie.
Le jeu des hachures est omniprésent : chaque segment noir, chaque ombrage linéaire, confère une vibration presque optique à l’ensemble. Il y a quelque chose d’à la fois rigoureux et libéré dans ce tracé : rigoureux par la régularité des traits, et libéré par la fluidité des formes globales, comme si l’artiste s’amusait à faire cohabiter géométrie et mouvement organique. Les touches de couleur – ce bleu franc, ce rouge chaleureux, ce jaune solaire – ponctuent la composition et en soulignent la structure, un peu comme des feux de signalisation qui rythment le voyage visuel.
Le contraste est d’ailleurs un ressort essentiel dans cette œuvre : contraste entre le noir et blanc (dans les hachures et le contour) et les couleurs vives, contraste entre une silhouette rappelant la vie animale et des détails évoquant l’architecture ou le design industriel. Il s’en dégage une énergie palpable, presque une vibration psychédélique, nous invitant à sonder la frontière ténue entre le vivant et l’inanimé.
On pourrait y voir la quête d’un équilibre, ou la métaphore d’un être en constante évolution. À mesure que l’on plonge dans les détails, chaque trait s’entrelace à un autre pour former un puzzle délicat et résolument moderne, qui ne se laisse pas déchiffrer au premier coup d’œil. Il y a aussi une forme d’humour dans ce foisonnement de lignes : comme si l’artiste nous lançait un clin d’œil, nous disant « regardez comme ces traits peuvent se métamorphoser en une créature joyeusement improbable ! »
De surcroît, le papier Hansen, réputé pour sa texture légèrement granuleuse, donne à l’ensemble une subtile profondeur : il accroche la lumière sur le tracé à l’encre et les aplats de couleur, soulignant ainsi la main qui a porté le crayon-feutre. On ressent le geste de l’artiste, son envie de structurer tout en laissant une part d’improvisation, d’aléatoire.
En somme, cette œuvre joue sur les dualités : précision et spontanéité, nature et machine, sobriété du trait et exubérance colorée. Il s’en dégage une énergie fantasque, un brin espiègle, qui rappelle que l’art contemporain aime brouiller les frontières tout en nous offrant un spectacle visuel. Comme un oiseau singulier, prêt à prendre son envol, cette création nous chuchote que la liberté se niche parfois dans un trait de crayon – pour peu qu’on sache la regarder d’un œil curieux et émerveillé.