L'Envol de l'AngeÂ
L'Envol de l'AngeÂ
La mise en scĂšne de cette sculpture joue un rĂŽle central dans la perception de lâĆuvre. PlacĂ© devant un mur immaculĂ©, Ă proximitĂ© immĂ©diate dâun texte qui situe explicitement lâhommage Ă Alexander Calder, lâĂ©lĂ©phant de mĂ©tal basculant sur son socle triangulaire rouge et blanc sâimpose comme une rĂ©interprĂ©tation contemporaine du cirque miniature du maĂźtre amĂ©ricain.
La scĂ©nographie fait dialoguer lâobjet et lâespace : lâanimal dĂ©coupĂ©, aux surfaces bleuies, semble sâanimer dans la blancheur environnante, projetant sur le mur une ombre mouvante qui redouble le spectacle. Lâeffet est double : Ă la fois monumental et ludique, solennel et joyeux.
Le choix du socle, rappelant un podium de cirque, ancre lâĆuvre dans un imaginaire collectif immĂ©diatement reconnaissable, tout en soulignant lâĂ©quilibre instable de lâanimal. La verticalitĂ© des tiges mĂ©talliques, discrĂštes mais essentielles, accentue la sensation de suspension et de lĂ©gĂšretĂ©, paradoxale pour une figure aussi massive quâun Ă©lĂ©phant.
Ainsi, cette mise en scĂšne dĂ©passe la simple prĂ©sentation dâune sculpture : elle construit une expĂ©rience visuelle et narrative. Le spectateur est invitĂ© Ă suspendre son incrĂ©dulitĂ© et Ă croire, le temps dâun regard, quâun Ă©lĂ©phant peut vĂ©ritablement danser sur un fil.
MĂ©tal dĂ©coupĂ© et assemblĂ© â 1150 x 400 x 400 mm â Finition dorĂ©e
Surgissant du mur comme un insecte fabuleux, cette sculpture en mĂ©tal dorĂ© joue sur lâambiguĂŻtĂ© entre lâorganique et le mĂ©canique. Ses ramifications rappellent Ă la fois les pattes dâun animal imaginaire et les nervures dâune plante, tandis que la lumiĂšre souligne chaque dĂ©tail en multipliant les ombres mouvantes.
Non forgĂ©e mais dĂ©coupĂ©e et patiemment assemblĂ©e, lâĆuvre rĂ©vĂšle un autre rapport au mĂ©tal : non pas la contrainte, mais la libertĂ© dâinventer des formes inĂ©dites. Entre poĂ©sie et inquiĂ©tude, elle nous entraĂźne dans un bestiaire onirique, oĂč le mĂ©tal se fait vivant.
LâArt et la Paix -Â LIN Xiang Xiong Art Gallery Ă Penang Malaisie
LIN Xiang XiongÂ
Art for Peace Prize 2025
Note artistique pour le concours:Â
« Ăquilibre de la Paix »
 Cette sculpture en mĂ©tal est une exploration poĂ©tique de lâĂ©quilibre dans un monde instable. Elle interroge notre dĂ©sir dâharmonie Ă lâĂ©chelle du rĂ©el : non pas un Ă©quilibre mathĂ©matique, absolu, parfait, mais un Ă©quilibre pragmatique, vivant, mouvant, qui accepte la diffĂ©rence, lâĂ©cart, la contrainte et la souplesse.
Ă sa base, un socle circulaire noir en acier de 500 mm de diamĂštre et 4 mm dâĂ©paisseur reprĂ©sente le monde â non pas un centre gĂ©omĂ©trique absolu, mais une surface ouverte, un terrain dâexpĂ©rimentation. Sur ce socle repose une tige verticale en fer rond de 10 mm de diamĂštre, fixĂ©e non pas mĂ©caniquement mais par un aimant vissĂ©. Ce choix nâest pas anodin : il Ă©voque lâattraction terrestre, cette force invisible et fondamentale qui nous lie au sol, nous stabilise, mais ne nous fige jamais. Car ici, la tige ne sera jamais positionnĂ©e exactement au centre du disque. LâĆil le cherche, mais ne le trouve pas. Il y a toujours un dĂ©calage, aussi infime soit-il â une rĂ©sistance Ă la symĂ©trie parfaite, une acceptation du dĂ©sĂ©quilibre de naissance.
Au sommet de cette tige flotte une bille dâacier de 16 mm de diamĂštre, comme une planĂšte suspendue. Et câest sur cette bille â simplement posĂ©es, sans attaches ni fixations, en pur Ă©quilibre â que viennent sâajuster trois tiges mĂ©talliques, elles-mĂȘmes porteuses de formes gĂ©omĂ©triques en acier :
â un disque jaune (Ă 250 mm, 3 mm dâĂ©paisseur),
â un carrĂ© rouge (222 mm de cĂŽtĂ©, 3 mm dâĂ©paisseur),
â un triangle Ă©quilatĂ©ral bleu (337 mm de cĂŽtĂ©, 3 mm dâĂ©paisseur).
Ces trois formes ont Ă©tĂ© calibrĂ©es pour avoir presque le mĂȘme volume :
â CarrĂ© : 147âŻ492 mmÂł
â Disque : 146âŻ902 mmÂł
â Triangle : 147âŻ170 mmÂł
Mais la matiĂšre ne ment jamais. MĂȘme Ă lâĂ©chelle du millimĂštre cube, une diffĂ©rence subsiste, imperceptible mais rĂ©elle. Et cette diffĂ©rence suffit : elle fait cintrer les tiges, dĂ©saxe les forces, contraint la main Ă chercher le point juste.
Et pourtant, lâĆuvre tient. Elle tient, non par rigiditĂ©, mais par ajustement, par Ă©coute mutuelle. Chaque Ă©lĂ©ment peut coulisser, se repositionner, trouver sa place dans un jeu de micro-dĂ©sĂ©quilibres compensĂ©s. Le tout forme un Ă©quilibre aussi fragile quâimpressionnant. Mais il ne tient que tant que rien ne le dĂ©range.
Un simple courant dâair, une vibration du sol, un tremblement presque imperceptible â et tout bascule. La sculpture peut tomber, se briser. Car son Ă©quilibre est rĂ©el, mais jamais garanti. Il est Ă la merci du monde.
Et câest lĂ que rĂ©side sa vĂ©ritĂ© :
la paix nâest pas une Ă©vidence.
Elle se construit, sâajuste, se dĂ©sĂ©quilibre parfois.
Elle repose sur des formes différentes, aux poids inégaux, aux tensions variables.
Elle nâest pas figĂ©e, ni centrale, ni parfaite.
Elle est simplement possible, vivante, Ă tenir ensemble.